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1 Mai 2015
Ce roman est aussi beau que son histoire est tragique. D’ailleurs d’Histoire, dans ce roman, il en est question.
Quand Camille apprend par sa mère que sa cousine Jeanne qu’il n’avait plus vue depuis 12 ans a été retrouvée morte, il en éprouve une grande peine. Enfants, puis à l’aube de l’adolescence, ils auront été complices de jeux avant de voir leur amitié se muer en attirance. Très vite, ils seront séparés par leurs obligations familiales.
Leurs retrouvailles auront lieu lors du procès dont Jeanne est l’accusée. Homicide contre soi-même, à cette époque, au 18e siècle, seuls le Roi et Dieu ont droit de vie ou de mort sur un être humain.
Jeanne soupçonnée d’avoir mis fin à ses jours se verra menacée de damnation éternelle, privée de sépulture chrétienne et son nom se verra effacer de chaque registre. Rien d’elle ne demeurera, ainsi, elle n’aura jamais existé. Camille représentera Jeanne lors de ce procès afin d’essayer de sauver son âme et sa mémoire.
Histoire absurde que celle d’une morte à qui l’on fait un procès. Histoire d’amour que celle de deux personnes qui vivent sous l’emprise du joug familial pour l’un et avec le poids des convenances pour l’autre.
Jean-Guy Soumy nous offre un roman d’amour d’une beauté incroyable. À peine édité, j’ai pourtant envie de le qualifier de classique tant les mots semblent avoir été minutieusement choisis avant de se retrouver couchés sur le papier.
Jean-Guy Soumy se positionne ici comme étant un merveilleux conteur d’histoires, à la plume sérieuse, mais jamais ennuyeuse. Le verbe est vif, l’adjectif percutant, les personnages tantôt résignés, tantôt déterminés, parfois ubuesques et mon cœur qui se serre d’avoir à refermer ce roman.
L'auteur
Français, né à Guéret dans la Creuse , le 1er juin 1952, Jean-Guy Soumy a étudié la physique et les mathématiques à l'université de Limoges. Il est actuellement professeur de mathématiques à l'Institut universitaire de formation des maîtres du Limousin à Limoges et vit près de Bourganeuf. Il se marie en 1972 et devient père de deux filles.
Son premier roman, Les Moissons délaissées, est publié en 1992. Il obtient la Grande sélection à France Loisirs, le prix Terre de France et le prix de la Corne d’or Limousine. Il est le coauteur d'ouvrages de mathématiques parus dans la collection « Vivre les mathématiques » chez l'éditeur Armand Colin.
"La promesse" de Jean-Guy Soumy
Paru aux éditions Robert Laffont le 2 janvier 2015
214 pages
ISBN 978-2221156094
18,00 €
Monsieur Gralis, vous ne m'avez pas entendu, hier? Le parallèle avec un procès classique pour homicide est à prendre au pied de la lettre.
Camille ne réagissait pas, Mouchy poursuivit :
-Où la justice s'assure -t-elle de l'accusé avant son procès?
-En prison?
-Eh bien, vous tenez là votre réponse.
-Jeanne de Coussac est en prison?
Le magistrat acquiesça.
-Mais...
-Ah ! évidemment ses codétenus ne sont pas contents. Bien qu'on m'ait rapporté que son voisinage ne soit pas si incommodant qu'on pouvait le craindre. Votre cousine comment dirais-je, se tient.
-Les autorités ne craignent pas une épidémie?
-Non, car nous avons procédé comme il est d'usage. La justice n'est pas aveugle et sourde aux recommandations de la médecine. Votre cousine a été embaumée.
(...)
Qu'allait-il trouver là-bas dans la cachot? Quelle créature l'attendait dont il ne pourrait oublier la vision lorsqu'il prendrait sa place sur la sellette?