12 Octobre 2016
Monsieur Lihn redit le nom de son pays, qui sonne soudain comme un espoir et non plus comme une douleur, avant de serrer son ami dans ses deux bras, et de sentir, protégé et non pas écrasé par eux, le corps de Sang Diû entre les leurs.
Tendresse et amitié sont les maîtres mots de « La petite fille de Monsieur Linh » de Philippe Claudel qui y parle avec beaucoup de pudeur de l’immigration et de la vieillesse.
La petite fille de Monsieur Linh, roman écrit par Philippe Claudel que j’avais découvert en 2015 avec l’Arbre du pays Toraja m’a profondément émue. Ce court roman, qu’il est inutile de vouloir lire à toute vitesse, tant les phrases semblent s’écouler au rythme de son personnage principal, Monsieur Linh.
Monsieur Linh a fui son pays à bord d’un bateau avec pour seuls bagages, une petite valise et dans les bras, un bébé. La fille de Monsieur Linh est morte, son mari aussi et Mr Linh a alors pris la fuite avec son bien le plus précieux, sa petite fille. Arrivé aux États-Unis, le choc est immense. Terminé le bruit de la nature, les visites aux voisins, les rues aux mille effluves, ici même l’océan ne sent pas.
C’est une vie terne que pourrait attendre Mr Linh, une vie dans un dortoir impersonnel d’une maison d’accueil. Il y a bien une famille qui y séjourne aussi, mais s’ils prennent soin de le nourrir, ils gardent leurs distances. Tout comme la compassion, la fraternité semble ne pas avoir fait partie du voyage.
Mais un jour, un rayon de soleil va entrer dans la vie du vieil homme. Cette source inattendue de chaleur aura les traits de Monsieur Bark, un homme imposant avec qui il se liera petit à petit d’amitié. Ils ne se comprennent pas, mais dans cette relation où chaque homme apaise les souffrances de l’autre, les mots sont inutiles.
Mais un jour Monsieur Linh et Sang Diû ne reviennent pas s’asseoir sur le banc où les deux hommes ont leurs habitudes. D’autres ont cru bon de décider de l’avenir de Monsieur Linh et c’est ainsi que le vieil homme se voit privé de cette amitié qui lui apportait tant.
Comme je l’ai dit plus haut, ce roman se lit lentement. La vie de Monsieur Linh est faite de routines que Philippe Claudel a bien décrites. La petite fille de Monsieur Linh, c’est un roman paisible où l’on s’attache à un personnage qui malgré son grand âge dégage une force incroyable. Sang Diû est ce qui rattache Monsieur Linh à sa terre natale, mais également à sa présence sur terre. Elle est sa raison de vivre comme Monsieur Bark est sa bouffée d’oxygène.
Malgré la poésie qui émane de ce roman, il m’aura fallu l’arrivée de cet ami pour rentrer réellement dans l’histoire. Un récit au cours duquel j’ai ressenti de l’inquiétude. Monsieur Linh va-t-il vivre assez longtemps pour que sa petite fille puisse se débrouiller seule ? Ou pire, simplement s’en rappeler ?
Dans la seconde partie du roman, c’est le choix des assistants sociaux qui m’a plongée dans un profond sentiment d’injustice.
Je crois que c’est vraiment un roman à lire, car Philippe Claudel à l’art de faire naître des sentiments profonds avec une écriture somme toute très épurée. Il va à l’essentiel et c’est impossible de rester insensible à cette histoire. C’est également l’histoire d’une belle rencontre entre deux hommes différents, mais qui se trouvent des affinités, à commencer par le plaisir de se faire plaisir mutuellement.
Pourquoi cette lecture ?
C’est une lecture dont mes collègues bénévoles de la bibliothèque m’avaient parlé à plusieurs reprises. Je possédais ce livre, mais ne l’avais encore jamais lu. Je me suis inscrite début septembre au challenge « 1 an avec ma Book jar » organisé par Jiji du blog « Les instants volés à la vie » ; le but de ce challenge était de se créer un pot qui contiendrait sur des petits papiers les titres des livres que nous avions dans notre bibliothèque et que nous n’avions pas encore lus. J’ai donc créé ma Book Jar et La petite fille de monsieur Linh a été le premier titre que j’ai tiré au hasard. J’ai trouvé ce challenge très sympa, car il m’obligeait un peu à ne pas lire que des nouveautés et à piocher dans ces romans qui me font envie, mais dont je repoussais constamment la lecture.
La petite fille de Monsieur Linh de Philippe Claudel - Dans la Bulle de Manou
Monsieur Linh est un vieil homme qui regarde son pays s'éloigner, debout à l'arrière d'un bateau... Ce pays (peut-être le Vietnam ?), est celui de ses ancêtres. Il est obligé de le fuir comme...
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La petite fille de Monsieur Linh de Philippe Claudel
Paru en éditons poche aux éditions Le Livre de Poche le 29 août 2007
EAN / ISBN: 9782253115540
192 pages
5.60€
Edition originale : Stock ( 2005 )
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